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Beaumont Triathlon
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UN BEAUMONTOIS SUR LE MYTHIQUE EMBRUNMAN

UN BEAUMONTOIS SUR LE MYTHIQUE EMBRUNMAN

EmbrunMan 2023 - Triathlon XXL Embrun - Envie de Serre-Ponçon

4h10 du matin ce mardi 15 Aout 2023, le réveil de mon téléphone sonne, pas besoin de 2 minutes pour me lever, j’attends ce jour J depuis plus de 6 mois, et j’éteints mon second téléphone pour ne pas réveiller de suite mes filles. Ma femme se lève en même temps que moi, tout comme depuis Février tous les dimanches afin de rouler, rouler et rouler pour préparer mon corps à passer des heures sur le vélo. Merci mille fois à ma femme qui m’a soutenu dans ce souhait fou de réaliser cet IronMan à Embrun, Merci à mes filles qui ne sont jamais des obstacles, justes quelques remarques, mais quoi de plus normal quand un père passe ses week-end à faire du vélo, puis le pose pour aller courir et rentre tard pour nager, je ne peux leur en vouloir. Merci aussi à ce club de Beaumont Triathlon qui me permet d’être associé à des athlètes qui m’aident à la préparation, qui sortent avec moi ou me donne des conseils, je vais en oublier, mais Willy, René, Vincent, Sylvie , Rénata et Denis pour ne siter qu’eux, et tous les autres, une parole, un mot, un geste qui rassure et motive.

Ce matin, je déjeune normalement, ne pas changer mes habitudes, ma femme colle les numéros sur mon bras et ma jambe, je m’habille et nous partons avec ma femme et mes filles pour le départ. Mon chien ne comprend pas, d’habitude, je le promène, même tôt, mais là, la journée va être longue, on a planifié que ma femme rentrerai pour le promener plus tard.

Nous arrivons au parking et il y a déjà beaucoup de voitures, je ne suis pas le seul « cinglé » qui a envie de réaliser ce challenge. Pourtant les doutes sont présents et forts. Je me suis rassuré en faisant une belle sortie vélo de 3700 D+en 8h45 avec le ballon d’Alsace 3 x et le ballon de Servance, mais ce Dimanche, lors de mon arrivée au camping, je me suis testé sur la 1ère montée direction Le Méans, j’en ai bavé, je ne pensais pas autant de difficulté, j’ai trouvé l’excuse du Half qui descendait pour faire demi-tour et ne pas gêner. Ensuite j’ai fait en voiture la montée de l’Izoard, ma femme à coté « non, mais c’est pas possible , c’est pas humain de grimper ça » je ne disais rien mais voir ces pourcentages 8.8 – 9  sans cesse, ces pentes me parurent difficiles, on est ensuite passé par Pallon, un mur de 1300 m , je n’ai pas voulu faire Chalvet, il me fallait bien une petite surprise…

 Je mets ma combinaison, petite pose pipi et je vais vers le départ, j’entends mes filles et ma femme, je les cherche du regard, les voir me rassure, j’entends le pan des féminines , dans 10 minutes, se sera parti pour une très longue journée.

La barrière est ouverte et tout le monde s’avance vers ce lac de Serre-Ponçon, magnifique la journée mais là il fait encore nuit, mon but serait de faire les 3800 m en 1h20 à 1h25 mais je n’ai pas beaucoup nagé et je devrais plus mettre 1h35 . (ensuite je vise environ 8h55 en vélo et 5h00 en course à pieds)

Je me retourne après m’être mis plutôt à droite car je ne veux pas être dans les premiers et me faire passer dessus, installer ma nage tranquille. il y a trop de monde derrière moi, je recule encore pour être dans le 3ème tiers des participants.

Le pan retenti, on avance doucement, les pieds sont dans l’eau puis, les genoux, enfin les hanches, allez hop, c’est parti, beaucoup de monde , l’eau est bonne mais il est difficile de nager comme il faut, il y a du monde sur les côtés, derrière on me touche les pieds, les bouées défilent doucement, ma montre sonne les 750 mètres ,sur le retour un petit espace s’ouvre devant moi, du coup je nage plus fort , me concentre sur les mouvements, je regarde où sont les autres concurrents, je ne veux pas faire comme à Vichy c'est-à-dire 4100m, je me rabat sur le droite, et entame le 2ème tour, je ne me fais pas passer par les meilleurs et leur second tour, c’est rassurant pour moi. Sur la 2ème boucle, je distingue un bonnet au fond de l’eau, un nageur pourra se faire plaisir plus tard.. mais il y a toujours du monde qui me gène, tant pis ,je fais en fonction, essai de forcer sur les derniers 500m et je sors. Ravi de voir ma femme et filles qui sont restées jusqu’à ma sortie de l’eau, en arrivant à la transition, je remarque pas mal de vélos, je me change tranquillement, ma référence Willy qui l’avait réussi avait fait une transition de 10 minutes , je fais 7’04. Je ne vois pas bien ma montre de mon temps de natation, mais très content car après j’ai vu 1h23’55.

Je sors avec mon vélo, monte dessus et c’est parti , ça monte dès le début, mais je vais tranquille, j’écoute René qui me disait de partir cool. Je me fais doubler, je double un peu, je passe au-delà de ce que j’avais vu le dimanche, ça va, je monte petit plateau, parfois, je me mets en danseuse, et je passe la première côte, j’avais repéré 1 côte de 6 km puis un replat de 3 puis à nouveau 3 km de montée. Je regarde ces Kilomètres passer tout doucement, un petit mur de 100 m où les gens encouragent fort et on descend.

   Je suis choqué à voir un cycliste couché dans un fossé alors que pour moi il n’y avait pas de danger dans cette ligne droite, je me reconcentre , Rénald pense à ta femme et tes filles, faut pas d’accident, elles ont besoin de toi.

En descendant St Apolinaire, une vue magnifique du lac de serre-Ponçon avec son pont, c’est sublime, je vois à nouveau un bénévole qui touche le visage d’un cycliste, certainement celui-ci est tombé et il fait le premier diagnostique.

UN BEAUMONTOIS SUR LE MYTHIQUE EMBRUNMAN

Allez on se concentre et on prend bien les virages. je bois très régulièrement ,me nourrit, ma montre m’indique que j’ai une cinquantaine de minutes d’avance sur les temps éliminatoires, j’en suis très satisfait.

La course passe devant le camping où nous sommes, c’est avec joie que je vois ma femme et mes filles, elles me portent à me dépasser, ça fait du bien qu’elles soient là. 2eme ravitaillement à pont neuf, Cédric, un pote d’Olivier avec qui on fait du vélo à Beaumont fait un bruit d’enfer quand j’arrive, son fils et sa belle-fille font le show et m’impressionnent. Je repars en les remerciant et me dirige vers la 2 ème difficulté , le fameux Izoard. ça commence par Guillèstre, 12km de grimpette puis 15 pour le final du col. c’est dur et long, j’attends ce virage direction Arvieux mais ça ne vient pas, c’est long, une cycliste demande on est à combien du sommet, je répond environ 15 km. on parle des délais, il faut arriver avant 13h10 et il est déjà tard, je perds mon avance régulièrement et commence à douter « au moins monte l’Izoard, tu pourras dire que tu l’as fait et c’est pas tout le monde qui peut le dire » me disait ma femme, je commence à croire qu’en effet ca va être difficile, ah, enfin le virage à gauche et bim, ca grimpe sec, les pourcentages font mal, on arrive à Arvieux, le ravitaillement fait du bien. Je repars, on passe le dernier village et c’est parti pour les douleurs, ça monte dur… ma vitesse est ridicule vers 9km/h , à 6km  du sommet j’essaie de me mettre en danseuse pour soulager les fesses, mauvaise idée, une crampe me poignarde les cuisses, j’ai faillit passer par-dessus le vélo. Je continu tout doucement dans le dur, si je m’arrête j’aurai du mal à repartir, finalement je pose pieds à terre, et me mets à marcher doucement (3.5km/h) « ça va ? » me demande un cycliste, « j’ai des crampes »répondis-je « il faut boire », alors oui ,je bois et rebois. et remonte sur le vélo sur un replat. je ne regarde plus les kilomètres mais les centaines voir dizaines de mètres, allez il reste 4 puis 3 km , les 9% m’ont tués, la case déserte et sa petite descente fait énormément de bien, ca faisait tellement de temps que je n’avais pas passé les 20 km/h, il reste après cela 1500 m, je les fais dans le dur mais que c’est beau. Peu de temps avant le sommet, j’arrive à voir les lacets plus bas et je vois des cyclistes loin, trop loin pour être dans les temps, car moi j’arrive à 12h55.

Je prends une belle pose repas, je bois, mange et prends mon temps avant de faire cette descente dangereuse. je pars d’ailleurs lentement , je m’applique à bien prendre les virages en épingles, je jette le vélo dans ces virages et ça passe bien, plusieurs me doublent mais c’est pas grave, je préfère être en sécurité.

On passe Briançon et le vent se lève, il devient même violent, il rend plus difficile l’effort. on tourne sur Vignaux que je n’avais pas vu le dimanche , petit ravito et on arrive à Pallon, je fais l’effort sur le vélo 1000m puis plus rien, trop dur, ma vitesse baisse tellement que je pose pied à terre et décide de faire les 300m restants à côté du vélo.

Les gens encouragent et c’est super, le virage arrive , la pente se radoucit et je monte sur le vélo, champcella passe et je fonce sur St André, je double des cyclistes qui ont tout donné dans Pallon et je me rassure en disant que j’ai peut-être bien fait.  J’ai toujours 15 à 20 minutes d’avance sur le temps limite de pont neuf 16h25 .

Manque de concentration ou trop sûr, je prends un virage trop serré et ma roue arrière s’enfonce dans une ornière , je me rattrape je ne sais comment, pfff, Rénald, concentre toi, bordel, 50m plus loin les signaleurs m’indiquent de tourner à gauche  , je sens que ma roue arrière file dans tous les sens, « vous avez crevé » me dit un signaleur. Oula, ça pue , bon je m’arrête, après tout ça arrive mais comme je n’ai pas crevé de toute ma prépa, ça me fait ch.. pour la première fois je pense à l’abandon… , bon je défais facilement la chambre à air et je remets une neuve , mais je pense à la cyclo qu’on avait fait avec Tony, ma pompe n’avait pas réussit à regonfler sa chambre à air, bon tentons… je gonfle, je gonfle et j’y arrive pas , juste 1 à 1.5 barres, je repars , il me reste 50 km à faire, ca me rappel Vichy ou j’avais cassé ma selle à 50 km de la fin. Bref je fais 10 mètres et c’est impossible, je chasse dans tous les sens, je vais faire une mauvaise chute, je redescends et tente de regonfler, je pompe comme un cinglé et j’arrive à peine à avoir 2 barres. Je commence à imaginer la fin pour moi… les cyclistes me passent, je tourne la tête et vois le ravitaillement de St André. Je monte sur le vélo et y vais « auriez vous une pompe s’il vous plait » un bénévole sort une pompe gaz, il appui sur la gâchette faisant sortir une mousse qui ne peut pas aller dans ma chambre à air, une bénévole demande aux cyclistes présents, il y en a bien un qui a une cartouche mais une seule et souhaite la garder ce que je comprends. Enfin la bénévole dit « ah là peut être » , en effet, on me passe une petite pompe avec un embout qui se visse , je n’ai jamais essayé auparavant,  je visse pour étanchéiser la valve avec la pompe et je pompe, je me remarque que ça marche alors je pompe comme un fou, vas-y vas-y à fond. je tâte mon pneu, ça va, je dois pas être loin des 6 barres ça va le faire, je démonte le raccord tout doucement pour ne pas toucher la valve et que l’air sorte, je ressers la valve et c’est reparti.  La vache j’ai plus de jambes, j’ai perdu toute mon avance , je dois arriver à pont neuf à 16h25 je dois faire du 20 km/h, j’ai plus de jambes , des coups de couteaux dans les cuisses, ça monte… pfff mais qu’est ce que tu fous ici, Rénald , tu t’es vanté à tes collègues, tout tes potes du club, famille , amis et tu vas pas réussir, dans quoi tu t’es engagé, tu as pété plus haut que ton cul, tu es incapable de faire ces 3600 D+ , abandonne l’Altriman ou l’AlpsMan, voir les IronMan, tu n’es pas capable. Plein d’idées négatives, ceux qui ne croyaient pas en toi avaient-ils raison ??? toujours est il que si ma femme était là avec la voiture, je rentrais..

Mais comme je suis seul sur cette course je continue, ça monte, heureusement parfois ça descend et finalement j’arrive à Pont Neuf à 16h21 soit 4 minutes avant l’élimination.   

Cédric est là avec sa famille et amis de Persan. je pense qu’il n’y croyait plus. Je lui avoue que j’en peux plus, plus de jambes, et Chalvet va être une boucherie pour moi. Il rempli mes gourdes, me motive et je repars, j’entends que Chalvet est aussi dur que Pallon , sauf que sur mon étude, il fait 7 km, je ne pourrai marcher 6km sinon, hors délai.

Je pars et par plaisir je vois les kilomètres défiler tout doucement, pour moi et c’est une erreur, la côte commençait au km 170 et se finissait au km 177. je vois 172 passé et je me dis que c’est déjà ça de fait. on croise ceux qui courent en descendant embrun, ils ont de l’avance par rapport à moi !!. La route monte et la  pente est de plus en plus dure, je me mets en danseuse, je me rassois de suite, plus de cuisses, des crampes, je vois devant moi un cycliste qui marche, moi aussi je descends du vélo, un motard descend et me motive « hep, hep hep aller, courage tu vas pas abandonner maintenant, tu t’es levé super tôt, tu as déjà fait tout ça, nan, nan tu peux pas, pense à ton entourage qui subit ton entrainement depuis des mois », oui, c’est vrai mais j’en peux plus. bon aller un petit moins de pente je remonte sur le vélo, je roule, mon chrono me rappel que je suis très limite, je me dis que les arbitres pourraient être cool, après tout , c’est très difficile. Je redescends du vélo, je marche et 3-400 mètres après je remonte, après la déception de mon calcul de km de montée, il me reste finalement 200m que je fais au moral « allez tu donnes tout tu peux pas arriver en retard avec encore des forces, aller on donne tout ! » j’entame la descente, elle est dangereuse mais je tente tout , je double un concurrent, un autre me passe, mes freins font un bruit d’enfer (lors du dernier ravito du coca a dû couler sur mes freins) , je revois le pont par lequel on est parti, ça sent bon, ouf j’arrive, beaucoup de gens encouragent , c’est magnifique. enfin le tapis bleu, je me dis que je vais gagner 10 secondes et retirer mes chaussures en les laissant sur le vélo, je défais la première, je tourne la pédale pour défaire la deuxième, mais quel imbécile, la chaussure tourne côté route et me fait sauter , l’arbitre sur la ligne et le public me disent que la chaussure est sur la route, l’arbitre gentiment va me la chercher, je passe la ligne et aucune remarque niveau temps, je me dis que ouf, ca y est ,j’ai réussi le vélo.

Je prends mon temps à le T2 je me change, bois, prends ma lampe frontale, mon gobelet et pars tranquille pour le marathon.  A la sortie de la transition, l’arbitre me regarde « c’est juste niveau temps, vous êtes limite, allez-y mais c’est très limite » , finalement je ne le savais pas mais c’est à la sortie T2 que les arbitres regardent le temps. Bon c’est parti pour de bon, 1er ravito , j’arrive pas à courir, j’ai 2 poteaux à la place des jambes, bon aller Rénald , on se bouge, je commence à trottiner, les 2 premiers km passent et je n’arrive pas à retrouver mes jambes, 6’50 par kilomètre ça va être très très long, ça monte et je me mets à marcher. Je cherche du regard ma femme ou mes filles , j’aimerai tellement les voir, peut-être ne les ais-je pas vu lors de l’arrivée vélo, il y avait tellement de monde. la montée est raide, je marche et ne suis pas le seul, mais la plupart ont un   voir  deux cordons au poignet ce qu’il signifie qu’il on déjà fait un ou deux tours. J’arrive à l’entrée de la ville, je vois Inès mon aînée qui me voit et son sourire me fait du bien. « Papa, tout Beaumont Triathlon est derrière toi, ils sont comme des fous, c’est incroyable, surtout Willy ! ils sont au courant de tout et te suivent » ça me fait du bien, c’est super sympa ce club, si par ce que fais , je peux motiver une personne de faire un IronMan, c’est gagné, c’est très dur mais magique. Deuxième moment de plaisir, je vois ma femme et Alix ma cadette, elles m’encouragent, me félicitent, j’en peux plus mais je repars à courir, les passants aussi sont super, ils motivent, même des balcons. je vois un filet d’eau qui arrose un coureur, je décide d’ y aller aussi , le filet d’eau me suit, bizarre comme sensation, c’est une personne de son balcon qui arrose les coureurs, ça fait du bien. Je m’arrête à tous les ravitos , je bois, je mange , et court dès que ça ne monte pas, il faut pas que je descende sous les  8 minutes au kilomètre par tour. sur un ravito ils disent qu’il ne faut pas finir le 2eme tour après 21h15 sinon c’est fini, j’avais dans la tête le palier de 23h15 à la fin, mais je pensais pas que c’était éliminatoire au 2eme tour à 21h15, je commence à douter sur la fin du 1er tour à 19h15 et je me dis que ça va être compliqué, je ne suis pas seul , une autre coureuse à côté me dit que c’est impossible, je commence vraiment à douter. je garde le rythme sous les 8 au kilo de toute façon je peux pas aller plus vite. mais je ne m’arrête pas, je cours , je cours je prends tous les ravitos. finalement j’arrive à 19h15 pile, je fais pas le fier devant l’arbitre je vois dans son regard que ça va être compliqué ( je n’ai fait que 14 km) , les 28 suivants vont être Très Très dures. je prends pourtant la même technique, je cours sur plat et descente et je marche dès que ca monte, je suis tellement content de voir ma femme et mes filles, elles sont là où je leur ais dit pour m’accompagner en marchant, elles me motivent sans cesse, elles vivent le truc à fond et c’est génial.

UN BEAUMONTOIS SUR LE MYTHIQUE EMBRUNMANUN BEAUMONTOIS SUR LE MYTHIQUE EMBRUNMAN

je repars en courant, la ville est pleine de gens aux terrasses des restos, tout le monde applaudit , j’ai l’impression d’être la vedette du moment , je remercie en passant , quelques coucous, ça fait du bien. les kilomètres défilent doucement, il me reste 7 kilomètres jusqu’au prochain chrono à faire en 1 heure, tout se mélange dans ma tête , de quoi, je dois faire du 7 minutes au kilomètre, gros coup de massue, je vais jamais y arriver. Au ravito j’avoue mon découragement et ma tristesse, c’est trop dure. je pars finalement avec dans l’idée de finir ce tour au 28ème kilomètre et rester sur place en attendant, je ne sais pas comment prévenir ma femme et mes filles, je suis dépité. les kilomètres continuent et je recalcule, mais non, si je cours à 8 min du kilo , j’arrive à 21h10 , la vache, quel imbécile, aller on continue Rénald , faut y croire. J’arrive au deuxième tour finalement à 21h09, j’ai une marge de 6 minutes en courant 2heures le tour de 14 km. je reprends la démarche de courir comme les tours précédents en y ajoutant la frontale. Il fait vraiment nuit , et je crois que je suis l’un des derniers à passer. Je passe sous le pont et vois Cédric qui m’attend, « Je vais courir avec toi les 13 kilomètres et je te laisserai le dernier en profiter ». c’est très gentil de sa part, je vois ma femme et filles au début de la montée, Cédric finalement s’arrête et mes dames prennent le relai, j’avoue mon désarroi , j’en peux plus mais j’ai cette marge de 6 minutes , si pas de crampe, cheville tordue ou autre malheur ça devrait le faire. Je me prends pour un trailer de l’extrême dans la ville avec la lampe frontale, les gens sont formidables , applaudissent et félicitent , lorsque je sors de la ville, c’est la nuit noire, la frontale éclaire juste un point, je fais très attention où je mets les pieds, tout le reste n’est plus du bitume, juste chemin donc attention… je m’arrête toujours aux ravito mais je ne mange plus ça sert à rien le temps de digérer. je sais qu’il y a un virage à droite qui longe sous embrun et je ne vois pas cette bifurcation, je râle, vois un espace latérale , pfff je fais demi-tour, c’est pas possible je vois rien. je finis par redescendre et le virage est plus loin, on distingue quelque lampes frontales au loin, le spectacle est superbe . Je dépasse un groupe de jeunes qui suivent un de leur pote, ils chantent et semblent de bonne humeur. Dernier virage avant de longer la Durance, maintenant c’est tout droit, dernier ravito , un fond de coca pour la forme, de l’eau pour arroser et désaltérer, je mets à moitié de l’eau dans ma gourde que j’ai gardé avec moi. encore 2,5 km je me fais passer par un grand coureur qui me tape dans le dos « aller , finisher mon gars, Bravo » « Oui toi aussi Bravo ! »  « Si je n’ai pas de crampes d’ici là, je sens qu’elles sont pas loin  «  il reste 2.5km ça va le faire » il disparait dans l’obscurité. je ne me grille pas et garde mon rythme qui a bien diminué, je suis à 8 minutes du kilomètre, vivement que j’arrive. Apres le pont en remontant, je vois ma femme « Allez Réré, 800m et c’est finit il te reste 9 minutes en délai », ses encouragements sont un formidable dopage, je descends la bute, et mon pied que j’ai de plus en plus de mal à lever cogne une pierre, je me rattrape tel un vieillard , oulala, pas de panique. Une femme me passe à 300m, je rebute sur une racine et me rattrape.. je suis bancale. je descends le trottoir et arrive sur le tapis bleu, la femme devant moi (et dernière) est très applaudie et félicitée comme elle se doit. j’arrive juste derrière en levant les bras, les bénévoles me font une ola mémorable et je suis finisher en 17h11 et 23 secondes, je suis 660 ème , nous étions 900 au départ 6 ont fini derrière moi, 5 ont été repêchés ,le temps limite a finalement été repoussé de 15 minutes. 40 sont hors délai ,8 disqualifiés et enfin 114 ont abandonnés.

Je suis un homme comblé par le sport , ce que je vis , ma femme , mes filles , mes amis.  

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