Petit récit de mon Marathon de Amiens Baie de somme le samedi 13 Octobre 2018
Arrivée sur place à 8h30, le temps de poser mes affaires, de prendre mon dossard et de me taper un poteau puisque j’écris sur Whatsapp en marchant… Dans le Gymnase, je croise Damien qui est déjà apprêté et prêt pour s’échauffer. Je mets la puce à ma chaussure et je pars m’échauffer à mon tour mais tranquillement, après tout on part pour plus de 3h30 d’effort, l’échauffement va se faire tranquillement. Mon premier objectif : le finir. Mon deuxième : moins de 4h00. Autre objectif dans le coin de ma tête 3h45 et si je me sens bien accrocher les 3h30…
Je recroise Damien, pas de nouvelle de Sylvain, il repart, moi je reste avec ma femme et mes filles venues m’encourager pour l’évènement.
J’aimerais bien faire une photo avec Damien et Sylvain mais bon tant pis. Ah je vois Sylvain, il a l’air pressé. Un coucou et il me fait comprendre qu’il est en retard, « Vas-y oui, le dossard et tout le reste c’est dans le Gymnase ». Il rentre et ressort en courant, je le reverrai plus tard… Le départ approche, Damien vient vers moi, quelques mots gentils, quelques encouragements, une photo avec lui et hop il se place devant. Moi je reste au milieu, je ne suis pas venu pour le même but.
A quelque secondes du départ une main me tape sur l’épaule, c’est Sylvain, content de se voir, on discute un peu de Tours qui va arriver et de ce marathon, son but 4h00. Il me dit qu’il ne me suivra pas, je l’attendrai à l’arrivée pour une photo groupe avec Damien. Pas le temps de stresser, le feu du départ et le temps que les premiers s’y mettent il se passe un peu de temps. Sylvain est avec moi. Il y a beaucoup de monde et on ne se fait pas sa place tout de suite. Au bout de 400 m après un demi-tour, la voie se dégage devant moi, j’accélère car là je suis parti sur un rythme de 5h00 hors lors des entraînements et lors ma plus grande sortie, c’est durant les 2 premiers km que j’avais un rythme de feu. Je double un bon groupe et fait la première boucle, ma femme et mes filles m’encouragent sur les 2 passages, je ne les reverrai plus avant la fin de la course. Je double, on me double, bref, je prends mon rythme, aux entraînements j’étais à 5’15 – 5’20 au km, là je suis à 5’05 – 5’10 et je suis bien, je pense que c’est l’euphorie de la course et si je veux atteindre mon plus gros objectif de 3h30, je ne dois pas perdre trop de temps. On sort du parc, direction les quais en traversant la ville. La police fait la circulation, je pense à ces automobilistes qui doivent laisser passer ce groupe de 450 coureurs qui est assez compact pour ne pas laisser passer les voitures et très long pour énerver, mais bon à chacun son problème, le mien étant de garder le rythme. Premier ravitaillement, j’écoute les conseils et même si je n’en éprouve pas le besoin, je bois et j’arrose les genoux. Les km défilent, le rythme reste le même 5’09 à peu près, il y a plus de concurrents qui me doublent que je n’en double mais c‘est pas grave on verra plus tard. Je croise une pancarte 25 km… tient j’en suis pas là mais c’est une boucle et quand j’en serai là il ne me restera « plus que » 17 km. On passe des ponts, des ravitaillements, des bords d’eau plutôt sympas puis on tourne à droite, de l’ambiance, un gros ravitaillement et on va sur la route entre les villages, ça grimpe un peu, je m’aide des bras, je pourrai aller plus vite, mais je préfère y aller plus tranquille. Les coureurs sont de plus en plus distancés devant et derrière, je suis toujours plus ou moins le même groupe. En retournant vers les bords de la baie, on croise des campeurs qui boivent une bière « gardez-moi s’en une » crie un athlète, en arrivant à son niveau je lui dis que la bière sera bien méritée. On reprend ce chemin du bord qui est fort sympathique, mais il y a des petits cailloux et j’en sens 2 – 3 qui sont sur le coté de mon pied qui ne demandent qu’à descendre entre le pied et la semelle. On croise la pancarte 25, on arrive au grand ravitaillement qui sert de relai, je décide de m’arrêter pour défaire ce que j’ai vers le pied, je n’arrive pas à attraper les cailloux du coup je défais ma chaussure, je dénoue un peu la droite aussi car je l’ai trop serrée et elle me fait mal. Je repars, mais le rythme descend avec la fatigue, je n’arrive pas à passer au-dessus des 5’30 depuis le 27ème km. Tant pis pour les 3h30, je recalcule tous les km dans ma tête cela m’occupe, les ravitaillements font du bien, eau –coca- tucs-banane-raisin-chocolat-orange, ça désaltère. Mais la fatigue est de plus en plus forte, les jambes lourdes et les km n’avancent plus. 35 km, il me reste 7 km cela parait peu quand on court souvent mais là avec la fatigue, je comprends pourquoi on dit « au mental », un gars devant moi marche puis repart, puis marche, puis repart. Pourtant je n’arrive pas à le doubler, pour dire que mon rythme s’affaiblit. À 50 m un gars s’écroule en hurlant comme s’il avait une déchirure, un cycliste lui porte secours pour lui tendre ce qui semble être finalement une crampe, arrivant à sa hauteur il hurle une deuxième fois tel une bête blessée, « ahhhhh la deuxième, la deuxième…. »… Je pense que ses 2 jambes sont pleines de crampes et que cela va être dur pour lui.
J’en double plus que je ne me fais doubler, l’entrainement paie, mais c’est dur. 37ème km je marche un peu, 100 m, puis je repars,… Aller Rénald, j’arrive à la hauteur du marcheur-coureur, aller courage que je lui lance, « c’est dur, c’est la 3ème fois que je le fais m’avoue t’il 3h48 -3h38 mais là je vais faire plus de 3h45 ». Je lui dis que c’est mon premier et quand il me dit qu’il va faire plus de 3h45 aie, j’ai peur, je recalcule, Ouaih, faut que je descende sous les 6’00 au km hors je commence à être au-dessus. Un pont arrive, je le décroche, il me rattrape et me lâche sur le reste de la course. De toute façon je ne peux accélérer, je sens mes cuisses, mollets à la limite, ça tire, ça tire, pas de crampe, il ne faut pas…
On retourne dans la ville, les voitures peuvent passer ce coup-ci on est très éparpillé. Il y a des mots d’encouragement partout ça fait beaucoup de bien, j’arrive dans la dernière ligne droite, mon chrono me lance des flèches avec plus de 3h46. Je passe la première arche Décathlon, un petit groupe qui était en relai (j’espère) me passe, je finis en 3h46’56 sous la deuxième arche. Damien a fini en 3h08. J’attends Sylvain mais les minutes défilent, 4h10, les massages m’appellent et me font beaucoup de bien. Après la douche, je mange avec ma petite famille qui m’a retrouvée. Je regarde dans les ambulances au cas où Sylvain ait eu un problème. Pas de Sylvain, c’est rassurant, je rentre à la maison.
Content d’être devenue un MARATHONNIEN.
Très bonne expérience pour pouvoir un jour devenir IRON MAN.
Rénald
Et pour avoir une idée du parcours la seule vidéo trouvée... (on y aperçoit Sylvain)