Ce projet de ce trail est né d’une proposition faite par des amis qui sont profs au Maroc. Tous les 2 avaient déjà participé à cette course parrainée par l’Association Enfance Espoir Maroc et Aventures Insolites et m’avaient promis des paysages sublimes. Début décembre, je n’ai encore jamais fait de trail de plus de 15 km mais l’idée me plaît. Je fais le 21km de Jouy le Moutier en janvier et le 24km de Bouffémont en février pour voir comment je gère. Ca passe ! Je m’inscris au trail de 24km au Maroc .
Le 25 mars, 9h30, me voilà en train de sautiller dans le Haut Atlas, au départ du Tidili Trail. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude et il fait 9°. Le ciel est brumeux mais les organisateurs ont promis du soleil. Je suis en tee-shirt et j’attends en grelottant le départ qui tarde à venir. Nous sommes une centaine. 59 pour le 24 kilomètres, le reste pour le 14 km, majoritairement des profs et des lycéens.
La terre est sèche et poussiéreuse.
9h40, coup de sifflet. Nous nous élançons tous et la course commence déjà par un faux plat montant. Je sens mon coeur qui bat trop fort. Partie trop vite ?
l’altitude ? le froid ?
Au bout de 500 mètres , la première côte nous oblige tous à marcher. Mon rythme cardiaque reprend une vitesse normale. Le groupe s’effiloche. Un groupe de bons traileurs prend rapidement une bonne avance et je vois des tâches au loin et haut sur ce premier col, promesse de belles ascensions à venir.
Je rattrape quelques coureurs qui me redoublent ensuite et me retrouve seule pendant quelques kilomètres avec l’angoisse de rater le balisage (souvent juste un peu de peinture rouge sur une pierre).
Je croise quelques bergers et leurs moutons.
Je traverse des oued plusieurs fois en équilibre précaire sur des pierres qui dépassent.
Le paysage est souvent lunaire. Très sec et caillouteux avec comme seule végétation quelques figuiers de barbarie. Près de l’oued, c’est un peu plus vert. Mais il y a très peu d’ombre et il commence à faire chaud.
J’ai couru 8 km seulement. j’ai déjà monté et descendu 2 cols mais la côte la plus dure arrive : 350 mètres de dénivelé sur 5 kilomètres. J’accroche un prof et son élève de 16 ans. Le lycéen grimpe comme un cabri et motive son prof. Je trouve ça super et je reste avec eux et on monte ensemble, en se relayant chacun notre tour.
En haut de la crête , le paysage est à couper le souffle. La chaîne de montagne enneigée apparaît au loin avec le mont Toubkal. Je m’arrête et sors mon téléphone de mon camelbak pour prendre des photos. Quand je repars, mes compagnons de course sont plus de 100 mètres devant moi. Je suis sur un raidillon relativement plat. J’essaie de les rattraper et tente de courir vite mais un point de côté m’oblige à réviser mon objectif un peu trop ambitieux. Je ralentis et souffle fort. Une descente plutôt roulante arrive. Je tente de reprendre de la vitesse mais ne vois pas une pierre qui dépasse et tape dessus avec mon pied gauche. Je sens mon corps projeté vers le sol à toute vitesse. Je tente de reprendre l’équilibre avec ma jambe droite mais je n’ai plus suffisamment de force. Je m’étale de tout mon long. Mon genou est écorché et des petits cailloux se sont glissés sous la peau mais je peux repartir sans difficulté.
Il y a 6 kilomètres de descente mais trop technique pour moi et qui ne me permettent pas de prendre de la vitesse. Je traverse quelques hameaux où les berbères semblent étonnés de me voir courir. Les vieillards sourient et laissent voir des bouches sans dent. Parfois des gamins s’élancent 50 mètres avec moi en riant .
Je suis à 18 km. Il me faut encore gravir une belle côte , la dernière. En haut, il y a un ravitaillement. Je retrouve le prof et son élève qui a une crampe au mollet et ne peut plus courir. Son prof ne le lâche pas et lui ment en lui promettant la fin dans 1 kilomètre. Je sais qu’il me reste près de 3 kilomètres. Ca fait un peu plus de 7 tours de piste. Ca me paraît moins long vu comme ça. Ces derniers kilomètres sont ombragés dans une petite forêt mais le sol est toujours sec et dur. 2 lycéens sont juste devant moi. On entend les cris des spectateurs. Je sais que c’est enfin l’arrivée. Les 2 lycéens font un sprint et se tirent la bourre jusqu’au bout. Je les envie. Je regrette d’être seule. Mes dernières courses, je les ai finies main dans la main avec Valérie ou Clarine et ça me paraît étrange de passer la ligne d’arrivée, toute seule, comme ça.
Heureusement les acclamations des gens me rendent le sourire.
Je passe la ligne d’arrivée après 2h52. Je suis la deuxième femme et la première Master.
J’ai une pensée pour le Club, vais me faire soigner le genou, récupérer ma médaille car je ne pourrai pas rester pour le podium et je repars aussitôt pour la France.
A refaire...
Sylvie
Quelques photos avec les paysages et l'organisatrice...