Voici enfin les comptes-rendus de nos beaux et courageux athlètes au Tri L Xtrem Breizh de Lorient...
Bonne lecture et bonne nuit ;o).
Willy Fordant
« À 47 ans mon premier Ironman (X'tream breizh): le bonheur dans la souffrance.
J'aime les défis même sans savoir où je mets les pieds en revanche quand Vincent m'a parlé d'IROMAN, je savais que c'était du costaud.
Tout a commencé par le programme, la planification, les séances d'entraînements, le vélo, la natation, la course à pied sans oublier la nutrition. Et ensuite c'est parti pour des heures et des heures d'entraînement pendant +8 mois et croyez-moi, ça passe très très vite, quand arrive déjà le mois de juin un mélange d’excitation et d'inquiétude. je sais que j'ai bien bossé, j'ai perdu 14kg, mais, je ne suis pas confiant. Yann a géré l'hébergement (On est au petit oignon). Avec René, on a pris la route le samedi, à peine 6h. Dès notre arrivée, on retrouve les autres (Yann, Vincent, Brahim et Patrice). La team au complet pour la première fois. Brahim fait déjà le show avec l'animateur du tri, mais pas le temps de tergiverser, il faut sortir les vélos de la voiture et les remonter. Dans le garage de la maison chacun prépare son vélo, j'adore ce moment où chacun est concentré sur sa machine, le silence envahit la pièce.
18h45 départ pour le parc à vélos et ensuite le briefing. Un petit tour par la plage où a lieu le départ de la nat demain prévu à 6h30, j'entends la team faire des commentaires sur la mer, le vent, les vagues, leurs anecdotes et c'est à ce moment qu'arrive le doute et la panique "suis-je prêt - je crois pas - pas encore - les bouées - 3900 cela représente quoi " je ne dis rien , je m'isole et ce blues, je l'ai toute la soirée, même pendant le repas.
Brahim me dit «on prépare tous ce soir car demain pas de stress inutile ».
Brahim c'est le showman du groupe. Au lit tôt car demain réveil 4h30 mais tu ne dors pas, tu sommeilles toujours les mêmes doutes et enfin arrives le bip-bip du mobile c'est l'heure, tous s'enchaînent très très vite. Le réveil- le pti déj – la préparation tu ne laisses rien au hasard, la combi, la vaseline pour les frottements et le sel (merci René).
C'est bon, on y est. Avant le départ, on nage un peu pour prendre la température et s'échauffer et bizarrement je suis rassuré l'eau est bonne, tu vois les bouées, le parcours, pas de vague. Cool.
Brahim encore lui entraîne tous les nageurs dans un fameux clapping. Une vrai et belle communion. J'ai vraiment apprécié la partie natation pour une première en mer les deux boucles sont passées très très
vite. Parti en retrait tranquillement, j'ai tout de suite trouvé ma nage, une bonne respiration, relâché les bras hors de l'eau (j'y pensais constamment ), économiser les battements de jambes (malgré un début
crampes, on perd pas son sang-froid, on gère), on ne se bouscule pas comme sur un S ou un L. Le kiffffff. J'ai pris mon temps sur la transition, j'ai préparé minutieusement mes ravitaillements, je sais que les 180
km vont être longs. Les 50 premiers kilomètres, j'étais très bien, les jambes, les bras, le mental, la beauté du paysage, le soleil et du monde partout et ensuite les groupes se sont étirés et les moments de solitudes
sont arrivés mais l'objectif garder le cap et la vitesse "Christophe m'a dit à vélo l'Ironman commence au km 120 et il avait raison. Je ne regardais pas le kilométrage sur mon compteur mais vers 11h30 j'étais déjà
bien entamé . Le 3ème ravito fut long à atteindre. Vers 12h30 j'ai essayé de manger quelque chose, mais plus rien de solide ne passait même pas les gels que tu as testé aux entraînements. Et aux environs des 140 km, on est atteint physiquement les jambes sont lourdes, la vitesse a chuté et continue à chuter. Dès qu'un concurrent me dépasse, je me dis " il faut le suivre Willy sinon tu vas rester encore seul " mais plus on accélère et plus il s'éloigne. S'il te dépasse, cela signifie déjà que son coup pédale est meilleur que le tien et là tu es dans le dur, tu souffres physiquement et mentalement si tu ne veux pas craquer, tu es obligé d'aller puiser au plus profond de toi. Te raccrocher aux choses les plus importantes dans ta vie, pourquoi tu es là (ce n'est pas un hasard). Tu es seul avec toi -même et tu luttes contre toi . Ta vitesse a chuté et tu sais qu'elle ne remontera pas.
Tu n'as plus de puissance, les resserves sont vides, l'énergie est au plus bas. J'ai trouvé cette force, celle qui a poussé mon vélo sur les 20 derniers kilomètres sachant que les 5 derniers m'ont paru interminables. Il m'est arrivé de pleurer sur le vélo, car tu ne veux pas craquer mais c'est long et c'est très très dur mais, j'y suis arrivé.
Tu descends du vélo, tes jambes te tiennent plus et là tu te dis, comment je vais faire 42km de course à pied. Tu entends au micro "reste 1 tour de 8 km pour le premier "et toi tu n'as même pas commencé et pourtant, tu as cette volonté en toi de repartir, j' entame la course à pied , complètement perdu, aucun repère, tu regardes, les autres concurrents, tu cherches un chouchou pour savoir où ils en sont? Tu découvres le parcours au fur et à mesure, mais j'avance, finalement la transition vélo/course à pied se fait très doucement . Tes jambes sont contentes de ne plus pédaler (attention pas d'emballement les crampes sont là, elles attendent patiemment) je suis concentré sur ma course, ma super montre g... m'indique "batterie faible " de toute façon je m'en fous mon seul objectif c'est finir ne pas flancher, les temps aux entraînements ne prennent pas en considération l'état dans lequel tu te trouves et crois-moi, c'est très très moche.
Puis arrive le 1er ravito et tu finis ton premier tour de 8 km et premier petit bâton sur le dossard, encore 4 à aller chercher en revanche tu comprends comment ça fonctionne, tu regardes les autres concurrents
pour voir leurs bâtons. Je croise René, Yann, Vincent, Brahim et patrice tous 2 bâtons. C'est cool pour eux. Malheureusement vers le 16ème km je n'en peux plus, mes cuisses sont dures, j'ai vraiment peur qu'elles
explosent (d'autant plus que la veille patrice m'avait raconté une de ses mésaventures). Chaque pas est lourd, je croise à nouveau Vincent, il me dit «lève la tête Willy», je l'entends mais mes jambes sont en bas
et je suis concentré sur elles, je suis focalisé sur mes pas . J'ai mal, des larmes coulent derrière mes lunettes ce n'est pas grave il faut finir. Quand je croise un membre de la team ça me fait du bien, René m'encourage, Yann me dit "aller Willy c'est dans la tête" je croise patrice plusieurs fois lui aussi m'encourage "allez bonhomme c'est bien, bonne foulée, continue comme ça et quand j'ai craqué, je me suis mis à marcher Patrice m'a dit "allez repart avec moi, tout doucement, on reste ensemble jusqu'au prochain ravitaillement " malgré ça il allait vite pour moi mais ça fait du bien. À un moment, je croise Brahim assis sur le côté, j'aurai bien voulu prendre de ses nouvelles mais impossible chaque effort est un pas vers la progression et bouffe de l'énergie alors je continue. Chaque étape que tu te fixes est importante pour continuer (les étapes : prochain ravito; un petit passage
ombragé car le soleil tape dur; un arbre, un bout du parcours que tu aimes bien....) sur le parcours, tu croises des personnes qui errent, tu vois le vide en eux ce sont des triathlètes et j'en fais partie mais les bâtons avancent et quand le 4ème est là tu y crois même si je marche, je sais que je vais finir, dans ma tête 8 km ça va le faire....7km..prochain ravito 4km, je croise la team tous ont fini, une bière à la main même Brahim je l'entend il a encore pris le micro et fait le show... Vincent me film... reste 3 km Yann m'accompagne... je l'entends me dire "allez Willy, allez Willy, allez" c'est un leader, j'ai envie de lui dire «Yann je veux marcher» mais je peux pas, il est là pour moi, je suis scotché à ses pas, je regarde que ses chaussures, j'entends mes gros sabots s'écraser sur le sol. Dernier ravito et dernier bâton. Il reste 1,5km et j'entends toujours Yann sauf qu'il reste 500 m et il me dit "je te laisse Willy, la fin c'est pour toi, savoure tu verras " et il disparaît... Il a encore des jambes le gars après avoir fini son IRONMAN en 10h54, il galope comme un lapin, mais quand je vois la ligne d'arrivée, ton cœur s'accélère, le poids de ton corps t’écrase sur le sol et tu sens l'émotion montée mais tu ne contrôles rien, la team est là, "allez Willy Finisher " et ça explose c'est la fin, la délivrance, la joie, le Graal. Je pleure pour 1001 raisons mais surtout celles qui m'ont fait tenir. Ma mère, mon frère, ma femme, mes enfants, ma famille, la team, tous mes amis du club de Beaumont triathlon, mes amis qui m'entourent au quotidien. En fait, ce truc de ouf c'est une superbe aventure humaine. C'est magique, c'est magnifique, c'est le bonheur dans la souffrance...
Tous Finishers : Yann en 10h54, René 11h19 (chapeau pour son 1 er Ironman), Vincent et Brahim en 11h59, Patrice Huron 12h10 et moi :13h43 ».
René Beilvert
« Il est 4h30 c’est le réveil et la nuit fut bien courte. Il est temps de prendre le petit dej avant de se jeter à l’eau pour affronter cette dure journée de L’Iroman « XTREMBREIZH » à Port Louis, face à Lorient (56).
La veille, samedi 24 juin avec Vincent, Yann, Brahim et Willy nous avons passé une agréable soirée dans la maison louée par Yann pour le week-end. Patrice Huron nous a rejoint le dimanche soir.
Après l’accueil au micro, retrait des dossards, dépôt des vélos et briefing, on passe vite à l’apéro jus de tomates et pastèques. Ensuite préparation des sacs, tenues, boissons et alimentation etc
La pression monte (À l’arrivée aussi) le ciel est légèrement nuageux mais il fait très bon sur la plage à 6h30 du matin! On va nager dans l’océan alors qu’initialement c’était prévu dans la rade de Lorient ??? Pas cool…
Bref plus de peur que de mal, la mer est calme contrairement à la veille et finalement l'eau est très bonne !
Brahim en profite pour faire un show juste avant le départ, histoire de motiver tous les triathlètes et féliciter l’organisation. Un orchestre breton nous accompagne pour ce départ. Fabuleuse ambiance !!! Le soleil se lève tout juste.
Le départ est donné pour les filles et 5 minutes après c’est à nous. Deux boucles à réaliser avec une sortie à l’australienne. Vu nos temps pour cette partie natation, les 3,8 km n’y sont pas. Probablement 3000 mètres ? Bref je termine la natation en moins de 46 minutes et je retrouve Yann et Vincent au parc à vélo. Transition de 6 minutes ; correcte car je ne voulais rien oublier. Nos 2 compères, partaient déjà. J’aperçois juste Brahim avant de sortir du parc à vélo.
À peine parti à vélo je songe déjà à trouver un endroit pour me libérer la vessie. Il fait beau, le soleil est plus haut et je croise les premiers concurrents qui reviennent de la pointe de Gâvres. Ça turbine !!!!
Brahim me double et nous allons (à distance) faire près de 90 kms ensemble. Je le passe dans les montées et je lui laisse reprendre le lead sur le plat. J’étais très bien et je n’avais vraiment pas l’impression de forcer. C’est pourquoi sur les kms restant (95) je décide d’accélérer et de laisser mon compagnon que j’avais pourtant bordé la veille au soir J
Vent de face pour les 15 derniers kms. Profitons-en pour s’alimenter, mouliner et se faire tout petit sur le vélo de manière à bien préparer la course à pied qui nous attends.
Ensuite transition très moyenne : 5’35, J’avais oublié de retirer mon cuissard pour mettre mon short de CàP alors que j’avais déjà changé les chaussures. Pas clair le René…
Bref je m’élance, ou plutôt je marche comme un pépé car les 5h54 sur le vélo m’ont laissé le dos en compote. 100 à 200 mètres m’ont permis de retrouver une toute petite foulée au début de la CaP.
Cinq tours de 8 km en aller et retour le long de la côte. Très sympa pour croiser ses copains mais assez exigeant avec des escaliers et des parties en sable. Proche d’un trail….
À ma grande surprise, je double Vincent dans le 1er tour. Visiblement au plus mal. Je croise Brahim plus loin qui me jure qu’il va me NIQU….. au prochain tour ! Que ni ni !!!
Maintenant mon allure et voyant qu’il perdait du terrain sur moi j’en profite pour l’encourager à chaque fois que l’on se croisait. Seul Yann en tête accentuait son avance, il devait en avoir encore sous le pied.
N’ayant plus de défi et la barre des 11h de course inatteignable je décide de finir mon dernier tour calmement et même de marcher dans les côtes .
Objectif atteint en 11h19 au total et 61e au général sur 208 partants (34e vétéran) 25 minutes derrière Yann qui était vraiment au-dessus de nous ce week-end.
5h54 pour les 185 km de vélo et 4h27 au marathon. Pour la natation où j’ai pris beaucoup de plaisir je pense qu’il faut ajouter environ 20 minutes car le parcours n’était pas de 3,8 km.
Je n’ai pas trop souffert de mon dos, juste un peu mal au fessier.
Très très heureux de ce weekend sportif entre amis : Différent d’un raid multisports qui parfois peut être plus long, stratégique, mais moins intense sur la durée.
Bravo à Vincent et Brahim qui finissent ensemble en moins de 12h, Patrice pas très loin ensuite et surtout au plus méritant : Willy que j’ai très peu vu sur la course, mais finisher tout de même!!!! ».
Vincent Baldérani
« Dimanche 25 juin, plage de Port Louis 6h30, me voici face à mon défi tant muri depuis 1 an.
Tout commence réellement le 27 janvier quand je décide de m'inscrire au défi de l'ironman, 5 ans après mon dernier, une autre époque…
Entre les 2, beaucoup de blessures, de doutes, de travail m'empêchaient de m'inscrire et je rongeais mon frein depuis!!
Après avoir sonder mon corps et mon esprit encore une fois, je me dis que le challenge avec les potes est fait pour moi.
Je n'ai plus(trop) de douleur au talon, une plage professionnelle un plus libre pendant 6 mois et l'envie de vivre une belle aventure sportive de nouveau.
Mon entrainement commence donc réellement fin janvier, je récupère mon vieux plan utilisé pour Sommières et me voilà parti..
Pendant 5 mois, à raison de 6 jours/7 je redeviens un sportif à temps plein, les montées en charge sont régulières, les jours, les semaines s'enchainent, les courses du dimanche au format S me mettent en condition de compétition, les problèmes de talon reviennent 2 mois avant la fin de l'entrainement , me faisant douter sur la possibilité de courir, puis disparaissent presque par enchantement 3 semaines avant la course.
Mon corps subit les contraintes et les bienfaits de l'entrainement et les kilos se perdent facilement...
Les séances sont devenues intenses à la fin mais le groupe de Beaumont se soude petit à petit à travers nos partages de souffrances et de joies sur nos entrainements.
Le fameux "WhatsApp" ;-) fait son intégration et les Cr et salons de thé font leurs apparitions dans nos vie, le chambrage devient une monnaie courante et l'entité mixte est un bonheur.
Tout cela, est dans ma tête, donc, lors de mon post-départ du XXL X'trem Breithz à 6h30 du matin
Nous voilà, 6 triathlètes de Beaumont Tri face à la mer, chacun dans sa bulle, les 6 soudés par la course, certains déjà des amis, d'autres le devenant.
Avant le départ, Brahim commence son show, récupère le micro et improvise un Claping déjanté pour déchainer les 200 triathlètes.
Ça me fait sourire, car connaissant le bonhomme depuis des années, je me dis qu'il arrive encore à me surprendre et ça me détresse un peu (et oui Willy, tu n'es pas le seul à stresser J).
Voilà c'est parti, nous nous élançons, c'est chacun pour soi à cet instant et pour m'extérioriser je crie avant de plonger dans l'eau.
Premier tri avec natation en mer, j'appréhende un peu, mais tout part bien, bon ok, première bouée, je prends un coup de pied en pleine tête mais après que du bonheur, je prends les trajectoires idéales, les bouées sont bien perçues et je sors pour la sortie à l'australienne en 21 min!!! , je me dis alors qu'il va manquer de la distance et que ça va passer vite.
2ème tour, ça enchaine bien toujours et je sors sur la plage pour rejoindre le parc à vélo.
Ouah, je suis sur ma place en 45 min, il reste plein de vélo, je suis super content de mon temps. Je vérifie les emplacements et je vois que je suis le premier à être sorti du club, le temps d'enlever ma combinaison, Yann arrive, cool il a bien nagé, puis c'est René (toujours là notre Warrior..) quand j'enfile mon casque et en dernier Brahim quand je prends mon vélo pour m'élancer, reste Willy et Patrick, j'espère qu'ils vont bien..
Le vélo démarre tranquillement, je pense à bien m'hydrater et je commence à prendre ma position sur mes prolongateurs, je regarde le compteur et les Km/h augmentent petit à petit, nous longeons le bord de mer et la vue est splendide avec le lever du soleil.
Le parcours commence par une boucle de 20 KM tout au bord de l'eau, tout est parfait pour le moment , les jambes répondent et je reste concentré sur ma course.
La boucle me permet au retour de voir "les potos", ils ont l'air d'aller bien, dans l'ordre Yann, juste derrière moi (je me dis qu'il va me rattraper vite) puis René à 5 min, suivi presque de suite par Brahim, Patrice et enfin Willy que je vois pour la première fois depuis le départ et qui a l'air d'avoir un beau pédalage.
Le parcours commence à bifurquer et nous partons pour 2 boucles dans l'intérieur du pays, les routes, les ronds-points les coups de cul s'enchainent et je ne vois toujours pas Yann me rattraper, je me dis que je suis pas mal, mon compteur moyen me dit 34 km/h, c'est une très bonne moyenne pour moi.
Le 90ème km arrive et c'est l'heure de la pause ravitaillement, nous récupérons notre sac de nourriture, je profite de faire la pause pipi et voilà Yann..
Nous repartons ensemble, je lui demande si ça va et il a l'air frais aussi et là commence notre chassez croisé (en respectant les 12 m, Yann est un peu stressé par les arbitres et reste très droit sur le règlement ;-)).
Pendant 80 Km, nous faisons routes communes et ça m'aide d'avoir un ami devant moi ou juste derrière moi, il faut dire que nous sommes presque toujours seul sur la route…
Au km 150, je commence à faiblir un peu, mes jambes à force de monter et descendre les petites bosses sont un peu raides mais surtout j'ai les cervicales très douloureuses avec la position couchée sur le vélo.
Les 30 derniers km commencent, une longue ligne droite nous ramène sur Port Louis et le vent arrive de face, venant de la mer.
Les 10 derniers km sont vraiment rudes, je laisse partir Yann et ma moyenne chute largement, je n'ai plus que 31 km/h de moyenne sur mon compteur, j'essaye de gérer mais les douleurs dans les jambes sont là.
Enfin nous arrivons sur Port Louis et le parc à vélo, je remarque que nous avons fait 183 km, ces 3 km en sup m'ont éreinté, c'est psychologique et physique aussi.
Le vélo s'est fait en 5h56, un peu moins bien que je pensais mais on a fait des bornes en plus.
Voilà la phase de transition n°2, Yann est déjà parti, j'enfile mes baskets et vois arriver René, toujours là, il a fait un beau vélo, je me dis…La Cap commence, "mon petit Vincent", c'est l'heure pour les braves J, je sais que ça va piquer, mes jambes sont fourbues et le marathon est une épreuve, déjà sur une course seule, alors là après tout cela, ça va faire mal!!!
Je pars sur mon train initialement prévu, 10,8 – 11km/h, c'est déjà dur, le début du parcours est plat et nous passons sur le port devant les guinguettes ou sont attablés les bons vivants en nous traitant surement de tarés..
Puis vient la partie difficile, seulement au bout de 6km , le sable, les marches, les caillasses, je me dis que c'est sympa pour visiter mais pas pour courir…
On se croise avec Yann, il n'est pas loin de moi, puis c'est René qui n'est pas loin non plus derrière moi.
Km 7, j'ai déjà un coup de mou, je me dis "non pas si tôt!!!", j'ai mal au ventre et les jambes demandent déjà de s'arrêter.
René me dépasse tranquillement et je prends un coup de bambou, je me dis que je vais galérer toute l'après-midi, le premier tour se termine et je croise Brahim qui a l'air bien, non pas possible il ne va pas me doubler déjà!!!
Le 2ème tour enchaine, Brahim me rattrape comme je le pensais au 15 km et je me dis ça y est, je n'ai pas "N Brahim" J
Je m'accroche quand même avec lui, quelques km comme çà et là d'un coup je le vois ralentir, il n'est pas bien non plus, je le soutiens mais lui n'est plus la sic.. et il me demande de le laisser, je repars donc en espérant qu'il va récupérer.
C'est marrant, d'un coup, c'est moi qui va mieux, je recommence à courir cahin caha et le parcours avance petit à petit, mais de courte durée, les crampes sont là et ne me quittent plus, nous sommes vers le 25ème km et chaque mouvements brusques me tétanisent les muscles.
Le 3ème tour fini, le 4ème est dur, je croise toujours les potes, Willy que j'encourage d'être fier d'être là, Patrice qui est dans le dur aussi, Yann et René que je trouve facile et Brahim qui veut abandonner et que j'insulte presque en lui disant qu'il doit me "N…" sinon c'est une merde.
Enfin le 5ème tour, à chaque ravitaillement je marche un peu pour soulager mes crampes, je discute avec les bénévoles aux ravitaillement et les remercie et repars, je sais que maintenant je vais être finisher!!!
Yann vient de finir, chapeau monsieur !!! René est en train de terminer aussi, et là qui je vois au loin Brahim et Patrice tranquilles en train de courir à mes trousses, je me dis le Brahim il a plusieurs vies!!!!
Je termine le dernier ravitaillement avant le retour et qui je vois arriver, Brahim qui a lâché Patrice, il est en pleine forme l'animal, je ne comprends plus!!!!
Et en plus il me lâche au train, 10 m 20 m 50 m… je me dis "non ce n'est pas possible après tout ça on doit faire un coup…." Je me motive, puise tout au fond de moi et commence à grignoter mon retard, on arrive sur le port, il reste 3 km et je le rattrape, je lui tape dans la main et lui dit fermement "maintenant on finit ensemble mon pote "
là l'humour "Rahoui" se réveille et il me dit ok mais c'est moi qui est gagné J, je lui dis banco, trop fatigué pour le chambrer la dessus. On repart donc ensemble et nous arrivons à l'avant dernier ravitaillement, reste 2 km.
Et là je suis sans jus, j'ai tout donné pour rejoindre Brahim et je crampe de partout. Là c'est moi qui m'accroche à lui et lui demande de m'attendre, la fin est pénible mais le but ultime de finir ensemble est là, dernier coup de collier, on entend le speaker annoncé 11h58 et on force pour être sous les 12h. C'est grandiose, on arrive main dans la main avec Brahim et j'explose de joie,11h59, finisher , homme de fer!!!! ».
Brahim Rahoui
« 2 critères ont été décisifs pour faire cet ironman : la date et la présence d'un groupe de Beaumont, il y avait soit le Chtriman soit "Lorient", finalement et heureusement vu la météo aujourd'hui (dimanche 2 juillet - chtriman) c'est Lorient qui a été retenu. 6 mois de préparation, sans inquiétude particulière, je connais les contraintes et je sais qu'il ne sera pas possible pour moi de faire une préparation totale, que cela n'aura que peu d'incidence. Beaucoup de sms avec Vincent pour se motiver, quand l'un ou l'autre, ne voulait pas s'entrainer.
4 jours de "vacances" direction Locmiquelic - essayez de le prononcer à haute voix !!! Vous voyez qu'il ne faut pas se perdre et demander son chemin à la mère Denise, qui se trouve au lavoir... véridique !!
Un magnifique hébergement, la répartition des chambres s'est faite sur critères sociaux, René a eu sa chambre seul, ainsi que le Capitaine Yann -kélic
Je suis arrivé reposé, aucun entrainement durant la semaine, de bonnes nuits, sans penser à la course la veille !!!
La course directement : natation, sortie à l'australienne, crampes !! dur dur et ne comptez pas sur Patrice pour me soutenir, il repart, je gère la crampe du mieux que je peux, en me détendant, elle passera ouf !sortie de l'eau trop vite, arrivée sur le parc, retour des crampes, il faut enlever la combi, je m'étire, me détend à nouveau, très longue transition, et c'est parti.
Sur le vélo, je veux réduire mon retard et décide d'envoyer fort tout de suite car je vais baisser d'intensité, je le sais...Je dépasse Patrice qui décide d'y aller tranquillement au vélo.
Je reprends René, qui me suit pendant 90 bornes !! je sens qu'il est toujours là, derrière à plus ou moins 300 mètres...les bosses auront raison de moi salut Réné à plus tard...
Pas de barre au ravito 40 (pas de S à barre, car il n'y en a pas...), pas le choix je retrouve une barre piqué à Willy la veille dans la sacoche prêtée par Yann, plus tard, je freine, je ramasse une barre par terre abandonnée par un triathlète (il y a vraiment des gens qui ne respectent pas la nature, merci à lui).
La course à pied, je retrouve les 4 premiers, et c'est parti sous le cagnard. Pour résumer, j'ai couru le 1er tour et le dernier, le reste n'aura été qu'un vide de plaisirs, de sensations, vomir m'aura surtout permis de repartir...
La course s'est terminée avec Vincent, avec qui j'ai commencé la préparation en janvier, et c'est la première où j'arrive dans ce type de format avec un copain et c'est le pied, pas de jeu de mot, il parait que mon pied a posé le premier sur le tapis, alors que nous étions persuadés que Vincent avait fini avant moi - je coupe court à toutes polémiques sur ce sujet.
Enfin, chose essentielle de ce triathlon un groupe plein de vie, des moments de franche camaraderie, de rigolades, de bizutages,... c'est dans le fond ce que j'étais venu chercher, ce que j'ai trouvé. Des souvenirs en vrac : Willy et son matos, René et sa sérénité, Yann et sa bienveillance, Patrice et sa gouaille, Vincent mon pote d'entrainement avec qui j'ai terminé.
Merci à vous de me lire – Brahimkélic ».
Yann Garrido
« Après mon premier Iron man à St Malo l’année dernière, me voici relancé sur cette distance avec un petit groupe de 5, au combien sympathique : Brahim, Vincent, René, Willy et Patrice.
L’objectif pour moi cette année n’était pas de finir, mais bien de viser un temps entre 10h30 et 11h00 et de finir 1er du groupe de 6. Ambitieux mais à ma portée.
La pression on l’a toujours, particulièrement la nuit qui précède l’épreuve, une nuit ou l’on ne dort pas… on se pose mille et une questions sur l’épreuve du lendemain et sa capacité à la réaliser. On a hâte d’y être.
Et voilà le jour « J », après des heures et des heures de préparation on va pouvoir y aller.
La natation se passe tranquillement un peu trop même, puisque la distance n’y est pas, mais qu’importe je sais que la différence se fera sur le marathon, donc j’ai encore le temps de voir.
Je suis content je sors juste derrière Vincent et c’est parti pour 180 Km de vélo, dès le début je suis un concurrent qui revenait à contre sens et qui me dirige vers une impasse… ce qui me fera perdre quelques minutes et ce qui reflète le manque cruel de bénévole sur le parcours.
Les premiers 90 km sont très roulant, à 34 km/h de moyenne, puis on attaque les boucles beaucoup moins roulant et casse patte… la moyenne chute de plus en plus et je sais déjà que je ne tiendrai pas les 10h30. Je récupère Vincent au ravito et on part ensemble… je passe devant mais je n’arrive pas à le distancer et devant moi pas un seul concurrent.
Il reste une quinzaine de kilomètres, on retrouve de longues lignes droites qui me correspondent mieux, je ne vois plus Vincent derrière, je termine les derniers kilomètres face au vent qui fait encore chuter ma moyenne.
Arrivé au parc à vélo, je ne vois toujours personne revenir dernière moi, je pars pour le marathon… bizarrement dès les premiers kilomètres j’ai des crampes aux ischios… que j’arrive à gérer et qui disparaissent rapidement.
Je découvre la 1er boucle, car aucun bénévole sur le parcours course à pied, beaucoup de virages, on court entre les gens, un partie sablonneuse et le soleil est bien présent. Sur celle-ci je croise Vincent qui est toujours derrière moi, mais dès le 2ème tour c’est René qui est là à mon grand étonnement, car je ne l’avais pas vu de la course. Les boucles s’enchainent je croise Brahim et Vincent qui sont dans le dur, je remotive Brahim pour lui dire qu’il n’a pas le droit d’abandonner. Je vois René qui court à son rythme, sur chaque boucle je vérifie si il revient ver moi, je contrôle, je fais attention de ne pas me mettre dans la zone rouge, je suis bien, le 2ème objectif des -11h00 et finir 1er du club sont à ma portée donc pas de panique, je gère.
Encore quelques kilomètres et ce sera fini, j’ai de l’émotion avant de finir, je pense à me proches, dont une partie sont venus nous encourager et à ces longs moments d’entrainements, mais rien à voir avec mon 1er Iron Man qui restera la grosse émotion pour moi !!
Je termine en 10h54 et 42ème au classement général.
Ce que je retiens c’est la réussite d’un groupe. Dans la difficulté, chacun a su trouver des ressources pour terminer c’est le fort d’un collectif soudé qui a permis à chacun d’atteinte ses objectifs. Avant tout c’est une aventure humaine inoubliable.
Merci à Brahim, Vincent, René, Willy et Patrice pour ces moments de partage tout au long du week-end ».
Et maintenant quelques mots de notre 6ème guerrier à Lorient : Patrice H. est de retour...
Patrice Huron
"De voir Vincent et Brahim se préparer en passant devant chez moi, m’ a donné une irrésistible envie de repartir pour du long (après 2 ans), je sais que je ne suis pas fait pour cette distance et « elle » me le fait bien sentir. Je sortais d’une « course du cœur « qui c’ était pas trop mal passée, alors je me suis dit pourquoi pas.
Nous étions début avril, je me disais j’ai le temps d’accumuler des kms etc., et bien non ! entrainements foireux, non réguliers et ainsi de suite !!
Je me suis poussé pour y aller, mais une fois sur place, ce fut très agréable de se retrouver ensemble. Quelle stimulation! La course est purement anecdotique, ce fut dur. Heureusement que notre « actor studio » marocain était là pour égayer notre cap, entre les crampes, les gels et les barres « volés » qu’il ne digère pas et Willy pour l'émotion et le petit moment passé en course, ensemble, m'a été super bénéfique.
Encore merci au club des 5 pour cet excellent moment et les encouragements."